Novembre 2013
Electromètre absolu de Bichat et Blondlot
Cet électromètre est fondé sur l’attraction électrostatique de deux cylindres concentriques, permettant de mesurer les potentiels en valeur absolue. Il a le double avantage de pouvoir être construit très facilement et de donner des indications continues.
Il est constitué d’un premier cylindre extérieur A et d’un cylindre B, dont l’axe coïncide avec celui du premier. Il est suspendu au moyen d’une lige T au plateau P d’une balance et, par l’intermédiaire du fléau de cette balance, communique avec le sol. Un écran EEE, relié au sol, laisse passer la tige T par une ouverture ; il sert à protéger la balance contre les attractions du cylindre A.
On met le cylindre A en communication avec la source dont on veut mesurer le potentiel V. Les cylindres A et B forment un condenseur cylindrique. Le cylindre A chargé par la source, exerce une influence électrostatique sur le cylindre B, ce qui provoque l’apparition d’une force de pression électrostatique F dirigée de bas en haut. Celle-ci est proportionnelle au carré de la densité de charge accumulée sur le bord supérieur du cylindre B, et donc à la différence de potentiel V entre le cylindre A et le cylindre B.
Si l’on désigne par r le rayon du cylindre B et par R le rayon intérieur du cylindre A, on démontre que : V² = 4F Log R/r
Pour déterminer la force F, on la compense par un poids (mg), placé sur (P), qui maintient l’aiguille de la balance au zéro, et on en déduit ainsi V.
Cet électromètre a été inventé par Ernest-Adolphe Bichat (1845-1905) et Prosper-René Blondlot (1849-1930).
Ce dernier, grand physicien expérimental français, a acquis une grande réputation dans les années 1890 à 1900 grâce à ses expériences qui ont permis notamment de confirmer les résultats de Hertz en 1893 sur la polarisation des champs magnétiques.
Il est surtout connu pour avoir commis l’une des plus grandes erreurs du XXe siècle en physique expérimentale, en annonçant, en 1903, sa découverte des rayons N. Ce rayonnement hypothétique, ainsi nommé en l’honneur de l’Université de Nancy où il professait, était censé être capable d’augmenter la luminosité d’une lumière de faible intensité. En 1904 le physicien Robert William Wood révéla, dans la revue scientifique Nature, que le phénomène était purement subjectif et n’avait aucune origine physique : le phénomène avait été « observé » alors qu’il en avait pourtant retiré, clandestinement, le dispositif déclencheur !